Ce qui nous reste

Quand on perd un être cher,

C’est un assaut brutal qui vous saisit ;

L’esprit a une crampe, l’animal m’a mordu.

On connaissait l’existence de ce moment.

Petit, on se disait juste que notre père battrait la mort ;

Mais la mort abat tous les humains.

Vous savez, il y a ces instants découpés au bistouri,

Cet état de choc dans lequel, transi, vous faîtes votre devoir,

Vous mettez les choses en ordre, vous pliez la vie qui a été…

Sa maison, ses effets, ces amas de souvenirs

Qui vous cognent dans la poitrine, irréels,

Parce qu’ils témoignent d’une vie qui n’est plus.

Quel vide abominable !

On garde certains objets,

On se raccroche aux liens de l’être,

Mais on les enferme dans des boîtes,

Comme ce corps sans souffle.

Surtout il ne faut pas ouvrir ces trésors !

La douleur les garde et vous saute à la gorge.

Alors pourquoi les mettre en réserve ?

On se dit qu’un jour on sera fort,

Et on pourra assumer tout ce coffre de souvenirs latents,

Et puis, il y a tout ce sacré de l’existence qui dort là.

Le temps passe, la permanence de la disparition,

Cette blessure sourde se meut dans l’absence

Des premiers jours, des premières semaines, des premiers mois…

Les repères se décalent, on vieillit nous aussi.

La mort nous gagne tout doucement ;

Le temps nous absorbe…

On a beau crier et gesticuler,

La leçon de la vie qui part

S’infiltre dans nos cellules.

Mais le combat se poursuit !

Les bras du bonheur sont ouverts ;

La mémoire est attentive à nos pas.

Même si nous perdons les membres de notre affection,

Nous continuons de construire, d’avancer, de sourire, d’aimer…

C’est vrai certains se découragent.

Toutefois, l’avenir demeure !

 

Malcolm J.