Doutes de neige
C’était l’époque des fêtes :
Les cadeaux, le sapin…
Moi, j’avais les boules.
On avait passé la soirée
Dans ce fameux bar-café
de notre village,
dans une vallée perdue des Vosges.
Tu ne m’avais pas décroché beaucoup de mots
Alors que j’étais prêt à te décrocher la Lune,
Tout du moins à te payer des croissants,
Faute d’envergure,
Ou à t’emmener en Turquie,
Plus tard, faute de blé.
A présent, on marchait côte à côte
Dans ce vent qui nous glaçait les os,
Mais moi, ça me réchauffait l’âme d’être à tes côtés ;
Mais moi, j’étais déjà gelé dans l’âme de ne pas avoir la cote.
Donc, je n’avais pas le vent en poupe,
Mais comme tu étais une girouette,
J’espérais bien qu’il tourne.
En attendant, on traçait notre chemin, têtes baissées,
Dans la neige épaisse d’un vieil hiver,
Vers ta maison à l’autre bout du village.
Dans ce chemin de l’espoir à mon amour,
L’esprit embrumé, la langue pesante et les pas lourds,
Je ressassais l’or de tes baisers,
Ou les pépites que tu avais bien voulu me filer.
Je me souvenais quand je caressais ton tendre grain épidermique
Avant que ça ne tourne au vinaigre, de qualité, genre balsamique.
Je me rappelais d’avoir palpé tes pulpeuses pêches mammaires
Que j’avais pécho, c’était chaud !
Mais tu m’avais mis un froid, à croire que ça se répétait là.
Je sentais à nouveau les effluves parfumées de tes phéromones
Qui faisaient bouillir crescendo mes hormones
Jusqu’à avoir envie de coucher sur des draps
Ta fibre capillaire de soie
Et plus si affinité,
Mais on n’est même jamais allés au pied…
Du lit, c’est à prendre au pied de la lettre,
A peine sur la banquette de ta mère ;
Et la pilule je l’avais amer.
En plus, ce jour-là, je t’avais apporté des roses rouges,
Ça tombe bien, t’en avais besoin pour m’envoyer dessus,
Dans un départ précipité genre « Faut que tu bouges ! »
C’était le bouquet ! L’épine dans le cœur et non dans le …
Seule occasion donc : cet après-midi
Qui s’est fait évincer en catimini,
Alors qu’elle nous était dédié,
Vraiment ça m’a fait les pieds !
Ton teint de jeune fille,
Les sourires étranges et rares
Qui illuminaient ton visage…
La froidure de ton cœur
Qui m’inondait de chagrin.
Je te collais tellement,
On aurait dit que je bossais pour superglue,
Pourtant, moi, les sticks, je les fumais
Et c’est pas pour autant que je sortais des tubes de l’été.
J’ai bien tenté un coup de folie
Lorsque je t’ai entraîné avec jeu
Dans le tapis blanc.
Alors nous étions couchés tous deux,
Et mon corps te protégeait au mieux.
Doucement tu t’enivrais de mes attentions,
De mes caresses, de la séduction de ton sein…
Et puis ta raison a refroidi encore mes ardeurs
De tes yeux tu m’as collé des pains
Tonitruants et secs,
Vraiment on ne parlait pas le même dialecte
Lorsque tu évoquais la faim qui turlupinait ton ventre,
De ta cheminée et de sa chaleur dont tu te languissais,
De ton chien qu’il fallait que tu sortes,
Puisque ta prévenance
sur le fait que j’allais tomber malade
à rester mouillé dans le froid
n’avais pas fonctionné…
J’ai capitulé,
Tu as souri de triomphe.
Tu as gravé des maux dans mon cœur
Au fer rouge, que le blanc du paysage
N’arrivait pas à calmer.
Je t’ai ramené dépité.
Je t’ai quitté à ce moment,
Je ne le pensais pas, pour toujours.
Et puis je suis revenu avec la goutte au nez,
L’espoir indéfectible au cœur…
Un espoir fou de jeune
qui recherche sa princesse.
Je suis repassé à côté du bar-café,
Un cri de joie s’en est échappé
Comme une joute à ma déception ;
Je n’ai pas relevé, j’étais tombé au tapis.
Je suis rentré dans une tempête de confusion
Sur l’océan de mes questions.
Malcolm J.